Le rituel du coucher inspire beaucoup les grands auteurs comme Sabine de Greef. Remarquons au passage l'importance des auteurs belges (Mario Ramos, Jeanne Ashbé, etc..) dans la littérature jeunesse !
Le coucher, ce moment délicat qui réveille les peurs primitives de la séparation chez le tout-petit (et même chez les enfants), nécessite souvent la mise en place d'un rituel : la régularité rassure.
Chez nous, même à 5 ans, il est impossible de l'oublier. Et si on n'est pas sage : pas de livres ce soir (la punition ultime !) mais c'est vraiment un cas de force majeure.
Bref, le coucher.
L'angoisse de la séparation... Et si justement, on jouait un peu avec sa peur ?
Pour l'avoir répété partout ici, les bébés et les enfants adorent cela. C'est un moyen d'évacuer et de dédramatiser. Encore trop de parents pensent (mon expérience en bibliothèque) qu'il faut les ménager ces petits : bisousnours et ours crétin niais seraient donc à leur portée. Erreur !
Donc, quand je présente "Qui dort ici ?" de Sabine de Greef aux parents, ils ne l'empruntent pas.
En revanche, quand on le lit aux bébés, ils l'adorent ! Allez comprendre.
Alors pourquoi les parents ont-ils si peur ?
Parce qu'il y a un Grand Méchant Loup noir à dents pointues dans ce livre/dans ce lit ? Juste un loup effrayant (vraiment !?) qu'on ne découvre que progressivement... en jouant sur la montée de l'appréhension. Et alors ? c'est bien cela qui est chouette !
Le graphisme est une mise en scène réaliste photographiée (l'occasion de montrer autre chose au petit cerveau en construction, si curieux) qui ne laisse entrevoir que des bouts de loup par l'évocation de leur utilité. On parle des sens (l’ouïe, l'odorat, le toucher, la vue) avec les verbes "entendre", "sentir", 'attraper", "voir" et on montre les bouts d'oreilles, de nez, de pattes à griffes et enfin des yeux. Un peu comme un jeu de doigts. Dommage de s'en priver !
Et si le loup se cache sous la couette, c'est peut-être lui qui a le plus peur !? Un grand méchant loup qui a peur, c'est tout de suite moins effrayant.
Ainsi la chute délicieuse fait retomber "la pression" avec une touche d'humour.
Quel bonheur pour l'enfant de se rendre compte que le personnage du loup est un prétexte pour parler... de lui.
Convaincus ?
Convaincus ?
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