dimanche 13 août 2017

C'est à moi !

Arrive un moment où le bébé se rend compte qu'il est aussi une personne. Il rentre alors dans l’opposition et les mots "PAS" et "NON" deviennent les mots à la mode. Avec le temps, il s'affirme de plus en plus et utilise beaucoup le possessif. Le jouet n’est pas un objet extérieur, le jouet EST l’enfant ! Avec une telle perception, difficile donc de partager avec les autres... Et cela est bien normal. Ce n'est pas non plus de l'impolitesse. C’est une période nécessaire et, certes, agaçante pour les adultes...

Il est donc intéressant de retrouver ces conflits internes qui travaillent l'enfant dans les livres.
Proposer un livre avec un tel sujet c'est faire comprendre à l'enfant que l'on a pris en compte ses préoccupations. Ce n'est pas anodin. 

Ma maison de Byron Barton

Des couleurs franches, contrastées, des formes simples parfaitement reconnaissables, de grands aplats de couleur : le monde de Byron Barton est remarquable pour raconter une histoire à un tout-petit qui adore ce genre de graphisme.

Le livre fait un aller-retour entre extérieur et intérieur pour découvrir les habitudes du héros, Jim, qui présente son univers au lecteur. Derrière une histoire simple et répétitive, une grande aventure se dessine. Au petit lecteur de l'imaginer. 


C’est ma mare de Claire Garralon 

Dans un style graphique différent, qui laisse une grande part au blanc, Claire Garralon propose une idée du partage, de la propriété et de la possession sous la forme d’un récit de randonnée. Le récit répétitif laisse les canards s’accumuler dans la mare et la place dans celle-ci diminue, inévitablement. Arrive le canard noir (le vilain petit canard ?) qui propose de révolutionner l’idée de propriété un peu étriquée des canards colorés ! Bien sûr, tout cela est relatif, puisque ce qui appartient à tous appartient aussi aux… hippopotames ! Alors, là, si l’on suit la même logique du récit, le partage entre congénères va laisser entendre d’autres problèmes… de taille. La loi du plus fort, l’emporte-t-elle ? D’ailleurs où sont passés les canards ? Comme tout est dans l’ellipse, le blanc et le silence, on laisse l’enfant deviner ce qui peut bien se produire grâce à la répétition.

Si l’excuse de la possession est le thème de l’histoire, le récit, comme le graphisme, proposent donc de plus grandes notions. Le livre est bien pour les plus grands, l’humour sous-jacent ne sera pas forcément compris par les plus petits qui, eux, s'attarderont à confronter leur frustration sur cette fameuse mare que, comble de l’horreur, l’on n’arrête pas de partager. Un mal nécessaire ? 

C’est à moi d’ Emily Gravett

L’amitié ce n’est pas toujours simple. Il faut aussi accepter les disputes et la mésentente qui en découlent parfois. Problèmes qui surviennent généralement lorsqu'il s’agit de partager…

Placés judicieusement sur les pages, nos deux héros récurrents (plusieurs albums avec Lièvre et Ours) se rapprochent au fil de l'histoire pour mieux se pardonner et se consoler. Lorsqu'ils étaient séparés par la pliure du livre juste avant, c'est que l'entente n'était plus cordiale.
Ce livre, avec sa jolie première de couverture, se présente et s’ouvre comme un album de famille ou un épisode de vieux film en noir et blanc.
Il évoque tout aussi bien ce qui est à soi et ce qu’on partage. Et laisse entrevoir une issue positive : ouf, votre enfant ne sera pas forcément un égoïste patenté ! 





Posséder rassure. Un livre dont la lecture résonne chez un enfant rassure aussi. Imaginez un peu les conséquences en bibliothèque quand il faut restituer ce livre !  

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